L'annonce

Dans l'obscurité, Miya entrainait son cavalier à travers les marais.
Sa destination ? Failariel pour y retrouver sa chère et tendre.
A vive allure, sa cape claquant au gré du vent, Leraikha n'avait qu'une chose en tête, pouvoir serrer fort Evea dans ses bras.
Euh... en fait non, il n'avait pas que cela en tête...

*Comment vais-je lui annoncer cela ?*

Les lumières des habitations seizonnes étaient enfin visibles, à travers les tours.
Leraikha croisait bon nombre de ses amis, hochant la tete pour les saluer. Mais sur ses lèvres, pas de sourire, mais on pouvait y lire une certaine anxiété.
Miya s'arreta alors devant la porte de l'auberge, où Evea travaillait.
Sans même avoir eu le temps de rentrer, le sorcier imaginait sa femme, radieuse, joyeuse, prenant un plaisir énorme à servir et animer cette auberge, comme à son habitude.
Un pas, deux pas, trois pas... et devant Leraikha, la porte de l'auberge.
Il la poussa et entra à l'intérieur.
Evea se tenait là, toujours fidèle à son poste.

"Coucou ma princesse !", fit Leraikha à sa charmante compagne.

Il s'approcha et enlaça Evea, avec un soulagement qui en dit long sur le calvaire qu'il subit lorsqu'ils sont séparés.
Il lui murmura :
"J'ai une grande nouvelle à t'annoncer... aurais-tu un peu de temps à m'accorder ?"

Evea était occupée comme à son habitude à s'afférer dans tous les coins pour satisfaire ses clients.

Elle allait et venait avec une cruche remplie de raku et servait des bolées de cette mixture rafraichissante lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir.

Elle se tourna instinctivement avec un grand sourire prête à accueillir un nouveau venu quand elle le reconnu.

Il était là dans l'embrasure de la porte, toujours autant mystérieux et toujours avec ce petit côté noble, fièr et beau.

Elle déposa la cruche et se jeta dans ses bras. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu son cher mari que les larmes de joie lui venaient aux yeux. Pourtant il ne fallait pas les laisser transparaitre.

"Je suis tellement contente de te voir mon chéri!" dit-elle rayonnante.

Evea était tellement contente que rien ni personne ne pourrait gâcher ce moment qui lui faisait graver un sourire sur son visage. Elle voulait passer un maximum de temps avec lui et profiter du moindre moment.

"Oui bien sûr mon coeur...Allons dans l'arrière salle, nous serons un peu plus au calme."

Elle le prit à bout de bras pour mieux le regarder.

"Tout va bien au moins mon coeur?"

Evea connaissait trop bien son mari pour qu'il puisse le duper. Mais après tout c'était peut être simplement l'épuisement du voyage.

"Quel bonheur que de pouvoir enfin te serrer dans mes bras !"

Leraikha était aux anges. Elle lui avait tant manqué...
Pourtant elle n'avait jamais vraiment été loin du sorcier tant son image était gravée en lui.
Mais de la voir enfin là, devant lui, c'était quelque chose de merveilleux.
Malgré tout, il avait quelque chose de très important à lui annoncer.
Mais avant toute chose il voulait prendre un peu de ses nouvelles, lui demander comment elle allait.

"Alors ma princesse, comment est-ce que tu vas ?
Tout se passe bien dans notre auberge ?"

Puis sans attendre sa réponse il rajouta une autre question pour éventuellement donner une indication à Evea sur l'annonce qu'il avait à lui faire.

"Et ici, à Failariel, comment te sens tu ?
Enfin, je veux dire, pas dans notre maison ou dans notre auberge...", il ne savait comment formuler sa question.

"Comment te sens tu au sein...", Leraikha fit une pause...

"... au sein du Royaume Seizon ?"

Evea fut surprise de la question posée par Leraikha.

"Ta question est bien étrange...
On ne peut pas dire que je me sente vraiment intégrée vu que j'ai plus d'échange avec les non-Seizons qu'avec les gens de notre royaume.
Mais ça tu le sais déjà mon petit coeur..."

Evea partit dans ses pensées un moment restant silencieuse.
Son regard était remplit de mélancolie et de tristesse.

"Je n'arrive pas à retrouver cette entraide que je peux avoir avec certains non-seizons y compris avec des gens qui sont reikons d'ailleurs.
J'ai reçu bien plus de chaleur ces derniers temps venant des autres royaumes que de nos concitoyens...
Regarde notre belle auberge!
Vois tu un seul seizon en ces lieux?
Je regrette le temps où je suis arrivée et quand il y avait une bonne entente..."

Soudain une petite lueur naissait dans ses yeux.

"Mais qui sait? Peut-être qu'avec le nouveau roi seizon, Volken, les choses vont prendre une tournure différente...
La communication s'est déjà améliorée..."

Evea paraissait moyennement convaincu par ses propres paroles.

Dans un élan de lucidité, elle se retourna vers son cher mari en lui encerclant le cou de ses doux bras.
"Mais pourquoi tu me poses cette question mon amour?"